Il était à peu près 13 h 15 quand on est venu entourer mon cou d’un foulard, couvrir ma tête d’une tuque, plonger mes mains dans des mitaines, bien placer mes bras paralysés sur les appuis-bras du fauteuil roulant, avant de les attacher ; un bâillement peut les ressusciter momentanément, les soulever, les déplacer et me déséquilibrer. Mystère. On a finalement étendu une couverture chaude sur moi.
Ma tête m’a conduit sur une galerie en forme de L, puis je me suis stationné dans l’angle. Il faisait à peu près 6 °C à ce moment-là. Le jour devant mes yeux était une baie vitrée qui ceinture la galerie sur une hauteur d’un peu moins de 2 mètres. J’ai basculé l’assise du fauteuil, j’ai vu le ciel, j’ai fermé les yeux, je me suis rapidement endormi à 50°.
Quand je me suis réveillé une quinzaine de minutes plus tard, j’ai retranché à peu près 25° vers l’avant, et j’ai observé la forêt à travers le verre. Ça sentait le souper en préparation, ça m’a écœuré, j’en ai voulu au vent.
Un pic-bois a commencé à cogner contre un arbre tout près. Je l’ai cherché sans succès pendant un bon 10 minutes à travers les sections de verre, puis les coups sont devenus moins audibles : il a volé vers d’autres arbres.
Après le vent, c’est à lui que j’en ai voulu. J’aurais aimé qu’il cogne et fracasse le verre, l’acier, le béton et la brique pour que je m’évade du CHSLD.