Je peine à terminer Tant d’hivers.
C’est qu’il fait chaud cet été. Trop chaud. L’échangeur d’air du CHSLD peine à la tâche. Échangeur d’air n’est pas synonyme de climatisation. On élimine l’humidité, pas la chaleur aux étages. J’étouffe. Je vais endurer cet été, pas l’année prochaine ; la clim dans la fenêtre.
Mon inspiration s’est ainsi évaporée au cours des derniers temps. Alors j’ai laissé reposer mes mots, j’ai lu ailleurs, j’ai fait le vide – essayé. Puis c’est revenu comme ça repart. Chaque jour ça peine à l’écran, chaque jour quelques mots, parfois une phrase. Encore une page. Dernière.
Bref, il fait chaud, au-delà de ma capacité de rétention corporelle, rafraîchissons-nous avec un court extrait de Tant d’hivers.
« Quand la terre s’étirait sous un ciel bleu, le soleil froid resplendissait sur la plaine blanche. La lumière était si éclatante que je plissais les yeux, les fermais, puis je baissais la tête, m’inclinant devant une journée de bleu et de soleil trompeurs ; le vent glacial au champ libre était mordant. Il décapait la neige, entrait en contact avec des poteaux de clôture, se butait à des roches érigées en monticules, frappait des piles de planches de bois. Les obstacles modifiaient sa trajectoire, des tourbillons remodelaient le désert. Curieusement, j’entendais la mer dans un coquillage, un fouet lancé en l’air tournoyant au-dessus de moi. Je scrutais l’horizon, le blanc de neige avait de subtils reflets de bleu, si agréables à l’œil. »
François Marcotte, Tant d’hivers.